La courbe de bourg des Contes

La courbe de bourg des Contes

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Mai 2016
Pensée nomade de Guy Lorgeret L'art nomade est un art itinérant ! On est autour, on est dedans, la spectacularité éphémère se déplace de lieu en lieu. Elle se nourrit à chaque fois qu'ils accostent de l'écho d'hommes et de femmes qui habitent les lieux. L'évenement reste dans les esprits comme une empreinte. Elle demeure, indélébile, inaltérable. Après son passage, l'art nomade, respectueux de son environnement, des territoires qu'il investit provisoirement, ne laisse derrière lui aucune trace. Il est allergique à la sédentarisation. On voudrait le rendre pérenne, le visser à un socle comme une sculpture commémorative alors que sa raison d'être tout au contraire est dans le mouvement. Le soleil se lève et se couche et voici que les ombres portées dupliquent la ronde la tordant l'étirant au fil des heures qui s'écoulent, les tissus se soulèvent et retombent en claquant parfois sèchement ou en bruissant au gré du vent, les couleurs oydées brunissent avec la pluie et s'éclairent au soleil, les tissus tantôt se raidissent tantôt s'assouplissent. A Bourg des Compte Les sentinelles silencieuses mains dans la main forment la ronde perchées en haut de leur mat de misaine se mirent dans l'eau de la vilaine C'est un spectacle vivant et émouvant qui ne manque pas d'air Une œuvre sédentaire est une oeuvre que l'on assigne à résidence. Pour l'artiste nomade le non mouvement, l'inerte l'inquiète car au fond il signale toujours à terme une petite mort. La statue du parc est très vite oubliée, elle cesse d'attirer l'attention quand elle a fini par se fondre dans le paysage. Pour autant l'artiste nomade n'est pas hors le monde mais dans la traversée du monde et l'index qu'il pointe sur cet ici redonne à voir ce que l'on croyait oublié ou même ce que l'on avait jamais pris le temps de voir. Cet ici, investit aussitôt, fait de ce lieu un ailleurs. L'artiste nomade doit savoir faire attendre son retour comme le cirque qui revient au village après de long mois d'absence sur les routes après un long périple de maturation. On aura à son retour encore en souvenir ce que nous avions reçu en partage d'émotions intenses et nous serons dans la découverte de son art renouvelé, enrichi des nouvelles rencontres faites sur son chemin. L'art nomade est anthropologue car l'artiste ne se contente pas de donner à voir un objet un monument mais il soulève des interrogations sur l'identité des lieux qu'il investit et sur l'être et le devenir des résidents. L'artiste Guy Lorgeret dialogue échange avec les habitants ! Il ne leur donne pas à priori les clés de sa démarche. Il préfère les faire parler ! Qu'ils expriment leur ressenti leur regard et leur réactions qui sont liés à leur histoire. L'art nomade est riche de ces réactions et de ces échanges qu'il sollicite et provoque. C'est pourquoi vouloir muséifier l'art nomade c'est courir le risque de l'assèchement. L'art nomade est accessible à tous, il se prend comme il vient, n'importe ou, mais de préférence à l'air libre. Ph-Roland